11 novembre 2005 - " J'ai appris à relativiser ! "

Publié le par @mandin£ & Marlèn£

A 25 ans, l'un des plus prometteurs espoirs du cyclisme prépare son retour à la compétition. Gravement accidenté sur le dernier Critérium du Dauphiné, Maryan Hary (Bouygues Télécom) parle de sa convalescence, de ces moments de doute et de répit qui transforment un coureur. 
Quatre mois après ta chute, comment vas-tu ?

Je ne rencontre que du bon ! Je récupère bien, je parviens même à m'entraîner sur home-trainer. Un scanner sera pratiqué mi-novembre pour savoir à quel moment le chirurgien retirera de mon dos les vis et les tiges. Pour une personne sédentaire, les délais sont de 10 mois…

Mais ta convalescence n'est pas à proprement parler celle d'une personne sédentaire…

A l'hôpital de Grenoble, les médecins m'avaient annoncé que je ne pourrais pas m'asseoir pendant trois mois. Mais, à Bordeaux, où le personnel a une toute autre approche post-opératoire, on trouvait bizarre que je ne puisse pas remarcher… J'ai donc pu me remettre debout en l'espace de huit jours et non trois mois. Je reste pourtant prudent avec les délais. Si l'on suit le délais de 10 mois, on peut prévoir un retour à la compétition mi-avril. Je préfère miser sur cette date que me donner de faux espoirs. 

Tu repenses souventi à ta chute du Dauphiné ?

J'essaie de beaucoup moins y penser maintenant. Je revois le muret s'approcher… Je ne me souviens pas du choc. Pendant dix à quinze minutes, je suis resté amnésique. Je me revois ensuite dans l'ambulance, en train de vouloir m'asseoir. On m'a dit à cet instant que je ne le pouvais pas, que les vertèbres étaient sans doute touchées… Mon cas pouvait être grave. J'ai pensé à une éventuelle paralysie pendant des heures qui m'ont paru très longues… Dans un premier temps, le vélo est relégué très loin. 

Aujourd'hui, que représente-t-il pour toi, le vélo ?

Mon métier. Je suis motivé pour revenir au plus haut niveau. Sur le Dauphiné, je marchais pas mal, en particulier sur l'étape où j'ai chuté. Je sortais déjà d'une période de doute, après une saison 2004 gâchée par des coups de pompe à répétition. Je sais que ce sera difficile de revenir l'an prochain après ma chute. Je vais galérer. Je ne me fais pas d'illusion. Le Tour de France ? Je préfère dores et déjà penser à l'édition 2007. 

Cet accident t'a transformé…

Oui, je pense que je serai encore plus motivé par mon métier, plus dur au mal. Je pratiquerai le vélo à bloc. D'un autre côté, je me prendrai moins la tête lorsque ça ira mal. J'ai appris à relativiser. Cet accident m'a fait réfléchir à ce qui m'entourait. J'ai pu ces derniers temps profiter de la famille et de mes amis. J'essaierai d'en profiter toujours comme cela après ma reprise.

Qu'est-ce qui t'a aidé à tenir dans les moments difficiles ?

Scanners, séances de kiné, home-trainer… Je me suis fixé des étapes, des objectifs très progressivement… 

Un peu comme dans une carrière cycliste ?

Oui, c'est ça. Je me suis rassuré en voyant que j'allais bien, que ma rééducation se passait comme espérée. Je suis pressé de reprendre la compétition mais je n'ai pas trouvé le temps trop trop long. Chaque chose en son temps. Je remarche, je refais du vélo… Chacun de ces événements est important ! 

On dit qu'un cycliste revient plus fort après un accident…

Peut-être que ça rend plus fort dans la tête. Je te dirai ça une fois que j'aurais repris (petit rire). Peut-être qu'après une telle épreuve, on se fait inconsciemment un peu plus mal sur un vélo.

Publié dans Interviews

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article